Les parlementaires ont très vite souhaité évaluer si le gouvernement, les experts et les institutions de notre système de santé avaient bien fait leur travail de préparation et de réaction à la crise COVID-19.
Cet exercice réalisé en réalité en plein boom de la crise COVID-19 est en soit un exercice compliqué et inhabituel en matière d’évaluation. Merci à eux, on n’en attend pas moins de nos élus, nos représentants directs, dans une démocratie, lorsqu’une menace comme la Covid-19 met tous nos acquis de développement en danger.
Mais curieusement, les parlementaires en charge du rapport ont fait comme s'ils pouvaient se placer comme des observateurs « « extérieurs » à toute responsabilité dans les mesures de préparation aux crises de notre pays. Et donc aussi sans "conflit" d'intérêt dans une évaluation de ce genre.
Ils parlent ainsi beaucoup d'argent dans le rapport, de financement de ce qui est nécessaire à la bonne préparation aux crises, des outils de la prévention nécessaires, autour de moyens humains, de produits (les stocks stratégiques), d’investissement institutionnel et logistique. Et ils ont raison…
Mais ils oublient qu'ils sont impliqués directement et chaque année dans le budget attribué à la santé, par le vote du PLFSS, le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Et ils n’ont pas dans ces auditions pensé à interroger leurs collègues, ou eux-mêmes, sur l’absence systématique de questionnement lors de leurs débats et amendements annuels, sur le sujet « crise sanitaire ».
Qui a le souvenir de députés qui seraient « montés au créneau » de façon visible dans les dernières années en demandant comment ce financement annuel de la santé, à hauteur tout-de-même de 200 milliards d’Euros environ, inclus bien des dispositions spécifiques de préparation aux crises sanitaires.
Je rappellerai que cette préparation est d’ailleurs obligatoire au titre des traités internationaux signés par la France, le fameux RSI, le Règlement Sanitaire International. Révisé en 2005 par l’OMS à la demande de certains de ses États Membres, dont la France qui a été très active pour ça à cette époque.
Le rapport analyse très bien le désintérêt et désengagement progressifs des institutions et des gouvernements successifs pour ce sujet. Mais on pourrait suggérer que nos élus parlementaires sont justement là pour poser les bonnes questions pour la protection des citoyens, d’autant plus que le PLFSS se discute âprement chaque année. Mais visiblement la préparation aux crises sanitaires n’étaient pas plus un sujet pour eux que pour les autres.
Dans le PLFSS 2021 discuté en ce moment, il y a bien des lignes de dépenses pour la crise actuelle, mais pas grand-chose pour pérenniser de vraies lignes budgétaires « stratégiques » pour la préparation aux crises dans le futur.
Alors, un rapport à lire, mais peut-être pour nos élus parlementaires une occasion ratée de montrer un véritable esprit évaluatif on ne contournant pas les questions qui fâchent, même dans leurs propres rangs ?
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