Mes collègues du bureau de la Société Française de Santé Publique ont réagi vite et très justement dans une tribune du Monde ( Téléchargement Alcool SFSP Le Monde
Le président a dit « n’emmerdons pas les Français avec ça ». Il est vrai qu’il a déjà supprimé en partie la Loi Evin lorsqu’il était à Bercy, pour « aider les petits producteurs de vin » à communiquer.
Miraculeusement, imprévisiblement…. Ce sont surtout les très gros groupes d’alcooliers qui en profitent pour faire de la pub ( Voir cette photo, Voir cette photo). Pas une grosse surprise. Les petits producteurs de vin n’ont pas les moyens de s’offrir ça. Ils pourront lorsqu’ils seront tous rachetés par la grande distribution et les grands groupes de production. Il sera trop tard pour pleurer alors.
Mais revenons à un peu d’histoire. Le vin de notre belle France ne serait pas un alcool comme les autres ? Plus sur ? Bon pour la santé ?
Lorsque j’ai commencé mes stages hospitaliers pour mes études de médecine, en 74-75, ma première surprise a été le ¼ de rouge posé sur toutes les tablettes de lit d’hôpitaux, à titre préventif et systématique, pour éviter que les malades ne développent un « delirium tremens », le syndrome de sevrage aigu de l’alcool. C’est dire si les Français était « en contrôle » de leur consommation, essentiellement de vin rappelons-le. D’ailleurs nos enseignants nous le répétaient : si vous leur demandez s’ils boivent, ils vont dire non. Demandez alors combien de vin par jour, car ils pensent que ça n’est pas de l’alcool !
La France était championne du monde de consommation d’équivalents alcool pur par habitants (pas loin de 30 litres par an et par habitant, tous les autres pays plafonnaient entre 3 et 5 fois moins) et grande championne toute catégorie du nombre de cirrhoses alcooliques… Et pourtant c’était surtout du vin qui était consommé. Certains villages agricoles battaient des records de consommation quotidienne des adultes aux champs, avec 8-10 litres de vin par jour (un peu moins dosé il est vrai !). Et dans les entreprises aussi on consommait. Il n’était pas rare dans ces années 70 de voir des tables d’entreprise et de cantine professionnelle avec un litre par consommateur sur la table… Heureusement, nous en sommes revenus et nous ne sommes plus que parmi les plus gros consommateurs d’alcool, encore difficile de décrocher du peloton de tête. Avons-nous vraiment besoin de cette publicité présidentielle pour résoudre ce qui reste un problème d’alcool majeur de notre pays ? Aimer le vin ne devrait pas être synonyme de prosélytisme.
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