Comme professionnel de santé publique, je ne m’étais jamais posé la question. L’infection nosocomiale est pourtant une préoccupation majeure et un vrai risque pour tout séjour hospitalier.
On lave les sols, l’air… On stérilise les instruments… on a même découvert il y a quelques années qu’il fallait laver régulièrement les stéthoscopes.Tous les professionnels se lavent les mains régulièrement (ou presque), les visiteurs aussi (moins souvent). On s’habille parfois en tenues stériles d’une chambre à l’autre, d’un secteur hospitalier à l’autre.
Mais le matelas sur lequel un malade hospitalisé dort, par quel processus est-il passé pour garantir qu’il n’héberge aucun germe pathogène, en particulier si le patient qui va l'utiliser est fragile ou immunodéprimé ?
Je dois dire qu’avant de rencontrer les responsables de la société H2MAT, une startup de la santé qui se spécialise dans le lavage des matelas, la question ne m’était jamais venue à l’esprit et je ne l’ai pas entendue lors de mes relativement nombreuses occasions de discuter sur les risques infectieux à l’hôpital.
H2MAT met en place un processus utilisant des machines à laver à l’échelle des matelas, c’est-à-dire un tambour qui tourne et essore, 13 tonnes sans l'eau, et ensuite un four de séchage à micro-onde, encore plus gros.
Et les entrepreneurs qui ont lancé ça, qui ont vécu par leur famille dans le milieu de la blanchisserie hospitalière, m’ont raconté les quelques questions « matelassières » que je trouve embarrassantes pour la santé publique :
Bien sur les draps sont lavés, les couettes et couvertures aussi quand il y en a. Et on asperge des désinfectants sur les housses de matelas, ce qui les rend plus ou moins poreux assez vite. Du coup les matelas ne sont pas très longtemps « étanches », sauf les matelas gonflables. Est-il garanti que les fluides corporels des malades précédents ne peuvent jamais y pénétrer ? Quelle surveillance microbiologique pourrait-être faite systématiquement sur les matelas y compris « à l’intérieur de la mousse » ? D’ailleurs si l’on inspecte et analyse les revers des housses de matelas, on y découvre des habitants indésirables en tout genre. Sait-on quelle est la durée de vie d’un matelas à l’hôpital ?
Je suis ressorti assez inquiet, car ce qu’ils racontent est évident, mais personne dans nos milieux n’a eu envie de s’y frotter en l’absence de possibilité d’action : on ne peut pas changer de matelas à chaque malade…
Affaire à suivre et il est intéressant d’aller faire un tour sur leur site (Site H2MAT). Certes, ils ont plus de succès pour l’instant avec le milieu hôtelier mais la santé a intérêt à ouvrir les yeux !
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