J’étais depuis 2013 membre du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM), comme personnalité qualifiée. Expert « indépendant », nommé par la Direction de la Sécurité Sociale (DSS) au ministère de la santé (enfin, je crois, car c’est cette direction qui m’avait appelé pour me solliciter et qui s'était occupé des formalités).
J’y ai joué mon rôle : participer aux débats, un peu poil à gratter de temps en temps, mais juste ce qu’il faut et pas en excès je crois d’après les réactions des autres membres, pour la plupart des représentants de leurs institutions, c’est à dire celles qui contribuent au système de soins : Assurance maladie, complémentaires santé, industriels du médicament et des dispositifs médicaux, syndicats de médecins et d’autres professionnels de santé, opérateurs de soins à domicile ou autres, hôpitaux publics et privés, administrations centrales du ministère de la santé ou du budget, etc.
J’ai lu, relu et commenté des textes en abondance, de façon constructive, en y apportant mon expertise, avec ses limites.
Une séance de rentrée était prévue le 22 septembre. Je n’ai pas reçu de convocation, mais je n’ai pas fait attention… Et en fin d’après-midi du 21, j'ai reçu un coup de fil gêné… Il m’est alors dit que j’avais été nommé pour 3 ans (ce que je ne savais pas, car ça n’est pas mentionné dans le décret de nomination), et donc renouvelable en septembre 2016. On m’explique que « le cabinet », ou toute autre direction du ministère, a donc changé pendant l’été les membres qualifiés… Presque tous paraît-il ! Mais tout de même pas tous. D'ailleurs ceux qui y ont été renouvelés l'ont découvert semble t'il aussi la veille de la réunion de rentrée, à leur grande surprise car ils ne savaient pas qu'un renouvellement était en cours.
Et par ailleurs les nouveaux membres ont été approché avant l'été ! Quelle mouche a piqué qui pour remplacer ainsi en catimini quelques experts, sans leur en parler ? Est-ce difficile de le dire, d’appeler (j’étais joignable tout l’été), de remercier éventuellement d’avoir travaillé gratuitement pendant trois ans pour ce comité ? Personne n’a eu l'idée de proposer une séance « de départ » permettant de dire au revoir aux autres membres qualifiés ou pas, avec lesquels des contacts professionnels et parfois amicaux ont été noués pendant ces trois ans.
Il est bien et normal que les nominations soit temporaires, que les experts (et autres aussi ?) ne s’attardent pas. Mais il pourrait y avoir un minimum de bonnes manières, de reconnaissance pour les services rendus (gratuitement bien sur), de respect pour la compétence de ceux qui acceptent la charge... bref, une autre façon plus élégante d'exercer "le fait du prince" pour que les intéressés aient envie de continuer à rendre ce type de service.
Le plus curieux est tout de même que j'avais été sollicité avant l’été pour contribuer plus activement aux travaux qui commencent dès cet automne autour de la prévention. Il faut dire que c’est clairement un peu mon domaine, cette part de mon expertise plus spécifique comme médecin spécialiste de santé publique, épidémiologiste, ancien de l’OMS… J'en déduis que le renouvellement n’était donc pas prévu avant l’été ou pas connu de la présidente du HCAAM qui m'avait sollicité. Ca questionne un peu l'exercice du pouvoir et des tutelles ministérielles dans ce type d'organisation.
C’est normal et courant, m’a t’on dit depuis : c’est toujours comme ça, un expert, ça se jette après usage et ça n’a rien à dire… C’est un tel honneur de participer ! Ne nous étonnons pas que de plus en plus d’experts refusent le moindre engagement auprès d’institutions si peu reconnaissantes.
Peut-être faut-il que les experts fassent leurs la devise des psychanalystes : les clients qui ne payent pas ne perçoivent pas la valeur du service qu’ils reçoivent et ne peuvent progresser…
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