Bien sur, comme citoyen, on est d’accord : l’absence d’avance de frais est bien pratique, on le vit d’ailleurs souvent déjà pour nombre de soins. C’est pratique de ne pas payer d’avance à la pharmacie, au laboratoire d’analyse, à l’hôpital… Et on imagine bien que pour les moins favorisés, c’est encore plus important.
Mais les décideurs qui montrent du doigt les médecins aujourd’hui en attribuant à une idéologie rétrograde leur opposition au tiers payant le savent bien : récupérer après coup l’argent qui est leur est du est compliqué, « une galère », et beaucoup de professionnels qui proposent déjà le « tiers payant » finissent par passer en « perte » ce qui ne leur est pas payé, par la sécu, mais aussi par les mutuelles et par les patients… Car le « recouvrement » est un exercice difficile, pas seulement dans la santé d’ailleurs, dans tous les secteurs.
A lire sur le site web d’une généraliste pourtant favorable au concept, engagée au quotidien du côté des patients et de leur confort :Jaddo .Elle décrit bien ce qui attend les médecins comme difficultés pratiques, et qui concerne moins le tiers payant « sécu » (la part payée par la sécurité sociale), facile à récupérer en général, que le tiers payant complet, incluant la part « complémentaire » (qu’on appellera mutuelle par facilité). On lira aussi utilement l’article du Huffington Post sur le sujet (Huffington).
Trois anecdotes personnelles pour illustrer ça :
- Un responsable de la sécu, à qui je suggérais que son organisation pourrait servir de « guichet unique » pour les médecins, en leur remboursant tout ce qui leur est du, puis en se retournant ensuite vers les mutuelles pour récupérer le reste, m’a dit : tu n’y penses pas, il y tellement de mutuelles (500 ?) et de modalités d’échanges informatiques et administratifs avec eux que ce serait une vraie galère. Alors, ce qui serait une galère pour l’organisme national collecteur de l’argent et payeur principal, ne le serait pas pour chaque médecin dans son cabinet, qui devra se débrouiller tout seul ? On sait bien que nos institutions publiques font ça systématiquement aujourd’hui : Leurs organisations et régulations sont tellement compliquées qu’on confie aux acteurs de la société civile le soin de faire le travail administratif à leur place. Gain garanti au passage : si l’acteur isolé abandonne quelques dettes, c’est toujours un peu de déficit public en moins. Mais rassurons-nous : la réforme de l’Etat en cours va tout régler, ça va devenir simple !
- Une de mes filles, après un examen biologique, s’est vue demander de payer la part complémentaire par le laboratoire qui n’arrivait pas à se connecter à notre mutuelle pour le tiers payant. J’ai refusé, en disant que la carte de mutuelle fournie devait suffire… Après 3 essais infructueux, il a fallu appeler la mutuelle… qui avait fait une erreur de numéro de sécu pour ma fille… Après correction, le labo d’analyse a pu se faire rembourser : à quel coût pour eux de l’opération de « recouvrement » ? Pardon pour eux, mais il faut reconnaître que si j’avais du payer d’avance, sans tiers payant, ça leur aurait simplifié la vie.
- Après un séjour hospitalier dans notre AP-HP nationale, j’ai fourni ma carte de mutuelle à la sortie (un dimanche, je reconnais…). J’ai reçu quelques temps après une demande de fournir à nouveau la preuve de mon adhésion à une mutuelle, pour pouvoir établir la facture… J’ai renvoyé ça comme demandé… pour finir par recevoir une facture ne tenant pas compte de ma mutuelle !! A laquelle j’ai répondu en recommandé en renvoyant ma carte de mutuelle, avec lettre à la direction de l’établissement… Il m’a été répondu gentiment que les circuits internes avaient un peu déraillé dans mon affaire. Affaire résolue, mais à quel prix, et qui montre que même le plus gros établissement hospitalier de France et d’Europe gère mal le tiers payant généralisé.
Alors, pourquoi ne pas essayer d’en faire un sujet « gagnant-gagnant » ? Pour soulager à coup sur les patients, mais pour aider aussi les médecins et autres professionnels de santé, en organisant ce tiers payant pour qu’il ne soit pas juste une occasion de reporter les difficultés de relations entre Etat et Mutuelles vers les acteurs de terrain ou pire, une simple obsession d’idéologue. Bien sur, il faut pour ça que nos institutions publiques et leurs gouvernants investissent mieux l’idée qu’ils sont réellement au service de la société et pas l’inverse, et que leur mandat n’est pas « de droit divin » !
PS : pour ceux qui ont des lacunes sur le financement et les coûts des services de soins : En réalité, il faut bien décomposer aujourd’hui ce que l’on paye :
- La « part sécu », et donc celle de la solidarité nationale, celle qui protège les pauvres comme les riches à hauteur « de ce qu’il peuvent payer », est loin de tout couvrir, ni en soins de ville ni à l’hôpital. Et ça ne concerne pas seulement les honoraires « de secteur 2 » des médecins libéraux comme on voudrait nous le faire croire.
- La part « complémentaire », « mutualiste », qui reste une « solidarité » assurantielle, comme celle de nos assurances incendie, vol, etc… On ne paye pas selon ses moyens et tout le monde cotise au même prix. Bien sur, il y a des aides pour les plus démunis, des aides de l’Etat pour ses fonctionnaires, des aides fiscales aux entreprises qui cotisent à des complémentaires pour leurs salariés… Mais c’est une autre forme de solidarité que la sécu.
- La part non couverte, ni par la sécu ni par les mutuelles, et que personne « ne rembourse »... Un peu plus chaque jour car le "panier" remboursable est plein.
Une anecdote ?
Je siège en tant que représentant médecin dans différentes instances de la CPAM. Au cours d'une de ces réunions, examinant le cas de praticiens qui faisaient beaucoup de Tiers Payant, le directeur de la Caisse Primaire s'exclame : "Le Tiers Payant, c'est une catastrophe !"
Et ce directeur affiche pourtant ouvertement des opinions peu favorable au secteur libéral.
Ainsi donc, de l'aveu même d'un gérant des caisses le TPG risque de couter très cher.
Mais pourquoi le mettre en place, alors ?
Rédigé par : Napoléon Quatre | 04 janvier 2015 à 10:06
Pour compléter votre analyse il suffit de jeter un coup d'oeil au mur de la honte de l'observatoire du tiers payant pour comprendre que le tiers payant ne fonctionne tous simplement pas!
Rédigé par : Tiers payant généralisé | 04 janvier 2015 à 14:55
en tant que médecin généraliste
je suis totalement opposée au tiers payant généralisé
pour autant je fais déjà le tiers payant au paient bénéficiant de la CMU, De
L'AME et de l'ACS acertains patient en ALD30 etdont les revenus financiers sont faibles .
le fais le tiers payants secu à certains patients quiont des fins de mois difficiles . ile ne me règlent alors que 6,9 euros
pour d'autre patient je garde le cheque juqyu'a la date ou ill sm'ont demandés de le déposer .
le tiers payant genralise est inutile , va être chronophage car je vais devoir gérer les impayés . je n'ai pas les moyens de me payer une secrétaire .
ensuite avec te TPG je vais perdre mon indépendance et c'est cela le plus grave . je vais devenir en quelque sorte salariée de la secu et des mutuelles mais sans les avantages des salaries . )pas de congés payés pas d'indemnité journaliere en arrêt maladie avant le 90eme jour d'arrêt maladie pas de couverture en cas d'accident de travail une couverture maternité extrêmement limitée .
je vais être à la solde de la secu ou des mutuelles quivont cesser de me payer si elles considèrent que je nesuis pas assez efficiente ou simplement à cause d'un bug informatique .
d'autre part il est connu que le gouvernement socialiste pour diminuer la dette de la France va diminuer le trou de la secu .comment ? la sécurité sociale va se désengager du soin au profit de l'organisme complémentaire d'assurance maladie . les cotisations des patients aux mutuelles vont donc augmenté . les cotisations ursaff du salarié augmentent aussi sans cesse . donc le trou de la secu sera bouché au dépend des médecins dont les honoraires sont bloqués et perdent leur indépendance .cad ne soignent plus le patient au mieux amis comme le secu ou la mutuelle lui demande c'est a dire au moindre cout au dépend de la qualité du soin . et au dépend du patient qui paie plus cher en cotisation ursaff et cotisation "mutuelle" pour au final être moins bien soigner
Rédigé par : AnnaigOEccher | 04 janvier 2015 à 20:02
Le droit de grève est attribué à tous, mais pour des métiers stratégiques comme ce des médecins, il devrait tout de même y avoir un minimum de service , quoique que ca pourrait diminuer le poids de leur revendication. Aie!
Rédigé par : Sebastien F | 08 février 2015 à 11:11