Aurait-on encore raté une occasion d’être un bon partenaire international, proposant nos services, à la hauteur de nos moyens limité, comme un pays parmi d’autres ? Plutôt que de jouer encore et toujours au coq frustré et malmené par les autres, ennemis et mal intentionnés par principe…
L'aide humanitaire d'urgence à Haïti a fait couler de l'encre, en France comme ailleurs, mais encore une fois la tendance dominante chez nous a été la critique des « autres », qui auraient fait obstacle à notre magnanimité et notre engagement : les Américains ont « pris le contrôle » du terrain, les Nations Unies sont « absentes », notre nouvelle représentante de l’Union Européenne pour les Affaires étrangères fait n’importe quoi. Bref, on aurait du laisser la France prendre ça en main et « ils auraient vu ».
Rêvons un peu à un scenario alternatif :
- La France aurait pris acte de la rapidité d’intervention des USA, de leur justesse d’analyse de la situation, en particulier en matière de nécessaire sécurisation des interventions par des forces de police/militaire dans un contexte civilement et socialement agité…
- La France aurait insisté sur la nécessité de renforcer la coordination à travers les organisations internationales chargées de coordonner ce type d’intervention humanitaire d’urgence, OCHA (
http://ochaonline.un.org/) et OMS pour les aspects santé. Pour mémoire, à l’OMS, c’est un Français, Eric Laroche, qui est Directeur Général Adjoint en charge de l’action d’urgence. Qui le connaît en France ? (
http://www.who.int/dg/adg/laroche/en/index.html).
- La France aurait proposé ses services aux pays et équipes déjà en place (USA et ONU), en matière de soutien au maintien de la sécurité civile d’une part (des bases militaires française sont en Guyane), et en matière de moyens financiers et logistiques disponibles en Guadeloupe et Martinique… avec renforcement en urgence d’une « base arrière », hôpitaux et ouverture large de possibilités d’accueil de réfugiés… Pour l’anecdote, alors que les USA ont ouvert leur porte aux Haïtiens ayant de la famille chez eux, nous ne l’avons pas fait pour ceux qui ont de la famille en Guadeloupe et Martinique, nombreux. Mais nous avons promis de ne pas expulser ceux qui sont en situation irrégulière !
- La France aurait insisté pour que notre nouvelle « Ministre » des Affaires Etrangère de l’Europe soit notre émissaire pour apporter en commun une aide significative et coordonnée de l’Union Européenne, et insister auprès des USA pour rappeler que c’est bien aux organisations internationales de coordonner ce type d’action. Rappelons que l’UE et ses pays membres constituent le principal groupe de financement de l’aide humanitaire dans le monde, mais comme chaque pays veut tirer la couverture à soi pour dire « c’est moi le meilleurs», ça reste invisible !!
Mais bien sur ça n’est qu’un rêve…
Encore un peu de rêve pour le futur : la France n’est pas très présente dans le développement de cette région Caraïbe. Nous avons plutôt tendance, de l’hexagone, à regarder nos îles des Antilles comme des lieux de sous-développement, un peu encombrantes. Pourtant, sans que nous en soyons conscients, notre pays est dans cette région l’un des seuls «ilot développé », porteur d’espoir. C’est vrai aussi de la Réunion vis a vis de l’Océan Indien.
Cette absence de vision et de compréhension des enjeux des autres nous empêche probablement d’en tirer tous les avantages stratégiques de coopération régionale qui seraient légitimes.
Ainsi le lien avec Haïti, toute proche, était peu actif, peu visible et sans engagement fort. Alors même que c’était une des priorités de l’Union Européenne. Nous aurions pu avant le séisme y être plus présent, pas seuls, mais comme « leader» des nos partenaires européens. Logique donc que malgré la francophonie de Haïti et notre histoire partagée, nous ne soyons pas en première ligne, même affective.
Bref, si nous arrêtions de vouloir être uniquement des leaders, ceux qui regardent les autres de haut, alors que nous n’en avons plus les moyens, nous pourrions encore être de bon partenaires efficaces et reconnus, quitte à partager la reconnaissance avec d’autres.
Les commentaires récents